Dans le ventre de la bête : notre expérience comme délégués d’un Membre à la 11ème Conférence ministérielle de l’OMC

Par Geneviève Dufour et David Pavot

 

Comme bon nombre de participants à la 11e Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), nous sommes arrivés ce matin en Argentine. Buenos Aires commence à se parer des habits de ville-hôte même si certains réglages restent manifestement à peaufiner. Par exemple, le chauffeur de notre navette a commencé par tenter de nous déposer dans un hôtel perdu dans la pampa avant de comprendre qu’il s’agissait d’une erreur, notre hôtel étant un homonyme au centre-ville ! Bref, on a fini par arriver au bon endroit. Autour du centre de conférences et des hôtels où logent les délégués, de grandes barrières anti émeutes ont été érigées et des drapeaux commencent à couvrir les édifices. Point commun avec les deux précédentes conférences ministérielles: les forces de sécurité omniprésentes ainsi que les badges encore plus infalsifiables. Après l’introduction du QR code à Nairobi, cette année ce sont des hologrammes qui ont été ajoutés. La population semble elle encore largement indifférente. Il faut dire que demain, l’une des équipes phares de soccer de la ville, River Plate, jouera la finale de la Copa Argentina. Malheureusement, aucun match à se mettre sous la dent en ville ce week-end, les rencontres ayant été déplacées dans d’autres Provinces.

 

Du côté de l’OMC, les halls et les corridors des hôtels se remplissent de délégations qui commencent à travailler et d’observateurs comme les ONG et la presse en quête d’informations. Si l’ouverture de la Conférence ministérielle est programmée pour dimanche à 16 h, des réunions de travail commenceront dès demain avec une réunion du groupe des PMA à 11h ainsi que la concertation des ministres et chefs de délégations francophones organisée par l’Organisation internationale de la Francophonie auxquelles nous aurons la chance de participer. Du côté des médias, bien des journalistes dressent l’éternelle rubrique nécrologique de l’Organisation. Or, les négociations – bien que lentes comme dans bien des domaines du droit international – aboutissent comme en attestent le Paquet de Bali adopté en 2013 ou les résultats de la Conférence ministérielle de Nairobi.

 

Nouveauté cette année, nous avons la chance d’être délégués, c’est-à-dire représentants d’un Membre, le Bénin. Nous avons eu l’occasion de rencontrer aujourd’hui la délégation au grand complet et notamment le ministre de l’Industrie et du Commerce, M. Serge Ahissou. Cela nous change du statut de représentants d’une ONG. Nous aurons en effet un accès aux salles de négociations, informations privilégiées, etc. Ce n’est pas encore la green room mais on s’en rapproche ! Nous savons déjà que plusieurs sujets chauds sont en discussion (agriculture, pêche, commerce électronique notamment) et qu’il reste beaucoup de travail à faire. Les représentants permanents n’ont pu résoudre toutes les questions à Genève et les ministres sont là pour aboutir à un résultat. En tout, il semble que la volonté soit là. Du côté de l’organisation argentine, qui préside aussi le G-20 cette année un échec n’est pas envisageable. La première Conférence ministérielle en Amérique latine doit être une réussite comme l’ont été la première en Afrique (Nairobi – 2015) et en Océanie (Bali – 2013).

 

Ce billet a également fait l’objet d’une publication sur le blogue À qui de droit de la Faculté de droit de l’Université de Sherbrooke.

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