Intégrer l’équipe d’une revue juridique : une formation professionnelle spécifique à notre domaine de recherche

En tant qu’étudiant-e-s en droit (ou autre domaine connexe), plusieurs options s’offrent à nous quand vient le temps de choisir une implication extracurriculaire : les simulations, les stages en ONG ou en organisation internationale, les concours de plaidoirie… Si une implication n’en exclut pas forcément une autre, l’intégration (à court, moyen ou, même, long terme) de l’équipe d’une revue juridique est une méthode intéressante et originale de formation académique, mais aussi (et surtout) professionnelle. En plus de côtoyer au jour le jour les plus récentes avancées scientifiques dans un domaine de recherche, cette expérience permet de développer rigueur et professionnalisme, de même que les connaissances et l’expertise nécessaires à la gestion d’une revue scientifique.

Lors de mon baccalauréat en relations internationales et droit international, j’ai eu l’occasion de participer à plusieurs activités pratiques, l’une d’entre elles étant un cours-stage à la Revue québécoise de droit international (RQDI). Ma première implication a consisté en un travail d’édition de textes selon le Manuel canadien de la référence juridique, une expérience qui a ensuite rendu un jeu d’enfant l’édition de tous les travaux de mon parcours académique, et même de mon mémoire de maîtrise (Zotero existe, je sais… mais c’est quand même bien de savoir le faire soi-même aussi!). Lors de ce stage, j’ai rédigé ma première publication révisée par les pairs : une recension. C’est, à mon avis, un exercice de base dans le milieu de la recherche juridique, et un atout de le maîtriser et de se familiariser avec le processus d’évaluation par les pairs le plus tôt possible.

Ces deux activités ne représentent qu’une infime portion de celles qui caractérisent le processus d’édition scientifique. Les tâches y sont nombreuses et diversifiées, les opportunités aussi! À cette première implication se sont enchaînées d’autres : édition de textes sur une base bénévole, rédactrice à l’édition en charge des évaluations par les pairs, puis adjointe à la rédactrice en chef. Chaque nouvelle fonction impliquait un apprentissage complètement nouveau, et approfondissait mes connaissances sur le fonctionnement général d’une revue juridique. J’ai contribué à des tâches autant diversifiées les unes que les autres, allant de l’édition de texte à la gestion de la facturation, passant par la coordination des évaluations par les pairs, la recherche d’ouvrage à recenser, la formation de nouveaux et de nouvelles collaborateur-rice-s.

Présentement, en tant qu’adjointe à la rédactrice en chef, j’accompagne, avec mon collègue (nous sommes deux adjoint-e-s), la rédactrice en chef dans ses tâches les plus immédiates : évaluations internes, facturation, envoi des numéros, coordination d’évaluations externes, communication avec les auteurs, recherche de nouveaux ouvrages scientifiques à recenser, distribution des recensions, etc. Dans le cadre de ces fonctions, je suis amenée à suivre un article tout au long processus, depuis sa réception à la RQDI jusqu’à l’envoi du numéro dans lequel il apparaît aux abonné-e-s et aux auteur-e-s.

Les tâches sont donc diversifiées, et les aptitudes nécessaires et développées le sont tout autant. Je suis amenée à communiquer avec des gens de plusieurs milieux : maisons d’édition, étudiant-e-s, auteur-e-s, professeur-e-s, universités, bibliothèques, etc. Ceci requiert une grande flexibilité dans les communications (on n’écrit pas à tous de la même façon) et contribue à développer le sens du professionnalisme, ce qui est difficile à améliorer sur les bancs d’école… Les courriels qu’on reçoit traitent parfois de questions auxquelles nous n’avons pas la réponse et nous devons faire en sorte de contacter les bonnes personnes de l’équipe de la revue afin de trouver les réponses rapidement. C’est le cas notamment de questions concernant la facturation ou l’envoi de numéros datant d’il y a plusieurs années, des articles en cours d’édition mais pour lesquels nous n’avons jamais été impliqué-e-s, etc. D’une semaine à l’autre, les tâches demandées varient et réclament une adaptation rapide.

Sur le plan scientifique, mon travail m’amène à suivre les plus récentes contributions en droit international. Je suis portée à consulter (souvent plus d’une fois) les articles soumis à la revue, et les recherches fréquentes d’ouvrages récents à des fins de recension me permettent de maintenir une connaissance de l’actualité de la production scientifique francophone. On en vient aussi à connaître les personnes qui travaillent dans notre domaine, leurs spécialités, leurs contributions, leur façon de travailler, etc. J’en ai développé une certaine aptitude à « cartographier » les auteurs du monde académique francophone en droit international : lorsque j’entends un nom, je sais généralement le situer dans son domaine, et vice versa. De plus, l’implication au sein d’une revue juridique mène à développer une compréhension des aléas de la publication scientifique et oriente, ultimement, nos pratiques lorsque vient le moment de publier nos propres manuscrits.

Plus globalement, l’intégration (à plusieurs niveaux) de l’équipe d’une revue juridique permet de d’acquérir une expérience de gestion (et les aptitudes qui l’accompagnent), un atout professionnel considérable, et ce, peu importe le domaine. C’est une implication qui se distingue de celle des autres stages, simulations et concours, mais qui demeure tout aussi pratique et étroitement liée à notre domaine de formation.

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