Vanessa Tanguay m’a offert la chance d’aborder un sujet que j’adore: la participation aux concours de procès simulés et aux simulations d’organisations internationales. Si les procès simulés s’adressent avant tout et non exclusivement aux juristes, les simulations sont ouvertes à toutes les disciplines. Toi qui n’étudies pas le droit, pas de panique, il se peut que ce billet t’intéresse quand même.
Cela fait maintenant 5 ans que j’ai commencé ma « carrière » dans les procès simulés. D’étudiante participante à coach puis à juge et arbitre, je suis passée par toutes les étapes des concours, et j’ai participé à un certain nombre d’entre eux. Tout a commencé lors de ma première année de maitrise, par une invitation à intégrer l’équipe de l’Université Toulouse 1 Capitole (France) au Concours de procès simulés en droit international Charles Rousseau. Si la plupart des universités ouvrent les candidatures officiellement l’année précédente, j’ai pour ma part été recrutée comme véritable « mercenaire » ; sans candidater, un professeur était venu me recruter directement en classe. Appelez ça un « coup de bol » ou un « coup de pouce du destin », ça a été le signe que j’attendais depuis quelques temps et qui m’a conforté dans l’idée de me lancer dans des hautes études en droit international.
Ont suivi plusieurs mois de dur labeur, non crédités de surcroit, mais qui m’ont permis d’apprendre tellement de choses sur ma propre personne. Ce concours, à l’instar des autres, implique une connaissance accrue des notions de droit international public, de gestion du temps, d’apprentissage de la rédaction rigoureuse qu’est le syllogisme juridique, et surtout, il exige un véritable travail d’équipe.
La plupart des procès simulés se déroulent en deux étapes : la première phase est écrite, pendant laquelle les étudiant.e.s doivent répondre à un cas pratique sur des enjeux de droit international public (si les faits sont souvent fictifs, les enjeux juridiques, eux, sont bien réels) ; et dans une seconde phase, ils doivent plaider pendant une semaine, au cours de laquelle, ils se retrouveront non seulement confrontés à des équipes tout aussi préparées qu’eux, mais ils se retrouveront également nez-à-nez avec les juges. Les juges ou arbitres, sont majoritairement des professeurs, qui poseront des questions plus ou moins difficiles en droit international public, dans le but de tester la capacité des étudiant.e.s à y répondre, et surtout leur capacité à garder bonne contenance en situation de stress (cela prendra parfois l’allure d’un sourire exagéré, parfois un talent inné à rester Poker Face).
Je suis très vite passée de participante à coach, pour le Concours Rousseau mais également pour le Willem C. Vis Moot, en arbitrage commercial international (anglophone). Du point de vue du coach, la perspective est vraiment différente : le coach entraine les étudiants, les guide dans leur réflexion, les entraine à plaider, et parfois, éponge un front ou tend une bouteille d’eau en fin de plaidoirie au plaideur déshydraté. Si ce sont les étudiant.e.s qui pratiquent activement, les coaches ont toujours une certaine émotion à voir leur équipe plaider, et pourquoi pas, gagner!
L’année suivante, je commençais à juger le Willem C. Vis Moot et le Jessup, un concours équivalent au Concours Rousseau mais en langue anglaise. Il va de soi que le rôle suprême de juge est bien moins stressant que celui de plaideur ou de coach, même si le juge met toute son expérience et toutes ses connaissances afin de poser les questions adéquates aux étudiants. Le juge ou l’arbitre a également la lourde tâche de trancher entre les équipes participantes. Dans l’ombre, également, le juge doit passer un certain nombre d’heures à corriger les mémoires de la fameuse phase écrite décrite plus haut. Mais ceci n’est rien à côté du plaisir incommensurable de faire perdurer la tradition des concours de procès simulés à l’international, et de voir défiler des générations de plaideurs et plaideuses les unes après les autres.
À ces concours s’ajoutent également les simulations d’organisations internationales ou d’institutions. Parmi elles, la plus connue à ce jour à travers le monde est sans doute la simulation des Nations Unies, connue sous son nom anglophone Model United Nations. Dans le cadre de cette dernière, l’étudiant prend le rôle de diplomate et doit non plus plaider, mais jouer la carte de l’éloquence dans ses discours. Le délégué prend alors soin de se positionner politiquement, en fonction de l’État qu’il représente lors de la simulation. La Simulation du Parlement européen a également lieu chaque année, en rotation annuelle entre l’Union européenne et le Canada. Dans ce cas, l’étudiant prend un rôle dans le Parlement européen, parmi les postes suivants : eurodéputé, président, lobbyiste, journaliste etc. Enfin, pour citer un dernier exemple,la Sim OACI – Model ICAO, une simulation bilingue de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), se déroule chaque année au mois de mai au siège de l’OACI à Montréal. Elle permet aux étudiant.e.s issus de toutes les disciplines de représenter un État et de négocier en son nom des thématiques d’actualité. Les directeurs présents pendant la Simulation ont le mérite d’être parmi les grands spécialistes en matière d’aviation civile et de permettre aux étudiant.e.s de peaufiner leurs qualités de négociateurs et de diplomates.
Qu’il s’agisse des procès simulés ou des simulations, il y en a non seulement pour tous les goûts, mais également pour toutes les disciplines. Selon moi, il y a deux attraits principaux: le premier est pédagogique et le second, personnel.
En terme de pédagogie, rares sont les opportunités de mettre en pratique le savoir emmagasiné pendant toutes vos années d’études ; les simulations et les procès simulés permettent, de manière accélérée, de vous mettre dans la peau du professionnel auquel vous voulez ressembler plus tard. D’un point de vue personnel, ces expériences apportent des qualités humaines et sociales qu’il ne faut pas négliger. Au cours de telles activités, vous allez rencontrer des délégations qui viennent du monde entier, et peut-être même créer des amitiés.
Lancez-vous !
Liste non-exhaustive :
- Concours Charles Rousseau en droit international public Francophone ● Lieu différent chaque année
- Concours Philip C. Jessup en droit international public Anglophone ●International Rounds à Washington D.C., US
- Concours Willem C. Vis en arbitrage commercial international Anglophone ● Vienne, Autriche & Hong Kong
- Concours Jean-Pictet en droit international humanitaire ● Francophone et anglophone ● Lieu différent chaque année
- Concours interaméricain des droits de l’homme Anglophone, francophone et hispanophone ● Washington D.C., US
- Concours européen des droits de l’homme René Cassin Francophone ● Strasbourg, France
- Model United Nations Anglophone ●New York et d’autres endroits
- SPECQUE Francophone ● Lieu différent chaque année
- Sim OACI – Model IACO Francophone et anglophone ● Montréal, QC, Canada